10 mai 1425 : Elliant, La Ville Neuffve

De Milamzer
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Calendrier : Julien (ancien style) : Il faut attendre Pâques pour changer de millésime !

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Contexte :

Nous sommes le jeudi 10 mai 1425 à la Cour de la juridiction de Rosporden.
Probablement déjà un jour de foire.

Il y a quelque temps [en 1422 ?], Jehan CAZNEVET et son épouse Aliz LE SCOUARNEC, sans doute un jeune couple, avaient pris et accepté une tenue en la paroisse d'Elliant, au village de la Ville Neuffve.
C'était une tenue à censie et féage pour laquelle ils s'étaient engagés à verser quarante souls par an au receveur du duc de Bretagne.

Mais tout est allé de mal en pis :
- La tenue est médiocre : elle ne vaut même pas la moitié des quarante souls convenus !
- Jehan Caznevet est décédé, laissant Aliz avec deux jeunes garçons, Pierre et Jehan.
- Le couple disposaient apparemment de fonds pour démarrer et faire face à ses premiers investissements.
Il s'agissait de monnaies appelées des gros.
Depuis peu, la valeur de ces pièces a tellement diminué qu'elle est ravallée et misse sans cours.

Résultat : Aliz et ses enfants sont devenus pauvres tellement qu'ils ne pourront fournir à ladite censie !

Conseillée par son père Guillaume Le Scouarnec et son beau-père Alain Caznevet qui est le tuteur de ses petits-fils, Aliz se résoud à solliciter du receveur une descharge de cette censie.

Pour cela elle a demandé à plusieurs notables (dignes de foi) de l'accompagner à la Cour pour attester de sa situation malheureuse.
Ceux-ci confirment pleinement.
On met par par écrit la description de la situation et toutes les argumentations utiles.
La Cour lui en délivre une copie sur parchemin pour valoir ce que valoir devra
Elle pourra ensuite la soumettre au receveur à l'appui de sa demande de dégrèvement.

On ne sait pas si sa démarche a été couronnée de succès...
Mais au moins son parchemin est allé jusqu'à la Chambre des Comptes du duc de Bretagne à Nantes.
Il s'y trouve toujours, en bon état, 600 années plus tard !

La transcription ci-dessus est à peu près complète.
On a conservé ici les changements de lignes.
Il manque quelques mots effacés ou illisibles bien sûr.
Mais globalement elle doit bien restituer l'ensemble de l'acte.
Du moins tel que je l'ai compris !

On notera qu'à cette époque, la Guerre de Cent ans sévissait toujours en France.
Jeanne d'Arc, âgée de 13 ans, "gardait ses moutons" !
La Bretagne restait neutre, au calme.
Malheureusement les gros diminuaient de valeur...


Source : FRAD044 B 677, parchemin, une page [i]


En cest jour en jugement~ se comparust Guillaume LE SCOUARNEC et Aliz sa fille, iceluy Guillaume

donnant et octroyant son autoristé et assentement à ladite fille quant à tout le contenu en cestes en tant

que mestier est. Et auxi se comparust en jugement~ Alain CAZNEVET comme garde naturel de

Piere et Jehan ses douarains [ petit-fils ], enffants de Jehan CAZNEVET son fils, procréés en ladite

Aliz. LESQUIEULX garde esdit nom et Aliz o ladite autorité et chacun d'eulx pour tant que chacun l'en touche

disdient [ dénoncent ] et signifient par la Court de céans que, autrefois, a ledit feu Jehan CAZNEVET, au temps

qu'il vivoit et quand le mariage d'entre lui et ladite Aliz et au temps de la monnoie des

gros avoit prix, acepte de Jehan DRONIOU trésorier et recepveur général de Bretaigne

pour le Duc mon souverain seigneur, à tiltre de censie à féage, un tènement de terre? et ses

appartenances en la paroisse de Elyent nommé vulgairement le Ville Neuffve et ce pour la

somme de quarante souls monnoie par chacun an à estre poïés à mondit seigneur dessus lesdites

chosses ; et en avoit este decepu grandement de la pocession et comme? de ladite chosse par ce que

apparoit ladite monnoie des gros dismoinast [diminua] en son cours et estre advenu que elle est

ravallée et misse sans cours. ET ainxi fait que il doit pour ladite somme

de quarante souls dessus ladite chosse de la monnaie qui à présent a cours Icelle chosse

acenssee ne pouroit servir ains y a decepte icelluy contratement oultre moytié de

couste oultre moytte de juste prix. Ainxi que lesdits garde esdit noms et Aliz

ledist supplians et chacun d'eulx en ce qui luy touche à la Court afer information

de ce que dit est ET quels fussent descharger de ladite censie par ce qu'il disoit

lesdits mineurs et icelle leur mère estre non puissants ne pouvoir? -fournir ladite somme.

En inclinant à ladite supplicacion furent encquis et examinés sur ladite matière plusieurs

notables et entre autres Yvon de La Bruyère, Piere Guerncaru, Guillaume Cozden

lesquieulx et chacun recordvent [relatent] et despossent par leurs serments que du temps de ladit monnoye

des gros, ledit feu Jehan Caznévet avoit prix à censie ledit héritaige ne valant m-

par an la moictié de ladite somme de quarante souls monnoie, et que ledits enffants estoint

pouvres tellement que ne pouroint fournir à ladite censie. ET sur que tout ce dessus estre ...

lesdits garde èsdit noms et Aliz de sondit héritaiges et les misdient? sur la man...

la Court en tant que faire le pourra et autreffois et par avant ces heures et l'avoint fer? (sur ?)

celles qu'ils apparurent par céans lues estant du dabte du premier jour de mars

l'an mill iiiicts et cinq vingt et deux et un autre de dabte du xxviie jour

d'apvril l'an mil iiiicts vingt et cinq et dempuis lesdits deles [délais ?] auxi faictz et tenu ?

d'eulx le recepveur? de ceste Court avoit fleure? et proffité lesdits queuff guedant?

prix et levé les esmolumants d'iceulx puis ledit temps. Et de tout ce que (dessus ?)

aen desmanderent avoir relacion pour et en lieu du commandement de la Court leur

furent ceste baillé à leur valer ce que valer devront. Donné et fait ès gardes-notes?

Conq Foesnant et Rosprenden le Xe jour de may l'an mill iiiict vingt cinq.

[constat des ratures :] couste deca- cellie- moictie, et cinq, queuff / Donné comme dessus passé par O. du Dresnay ?