10 novembre 1605, Affaire Quélennec : Auditions de 8 témoins à Pontecroix

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Lors, il faisait bon pêcher en eaux troubles. (Chanoine Moreau)
Contexte :

Au début du mois d'octobre 1598, noble homme Ollivier de la Rivière est décédé à Tourc'h
Personne ne lui connaissait d'héritier proche.
Le 17 octobre suivant, Maître Jehan de Quelennec, sieur de Stangmarzin, en se prétendant parent en l'estoc maternel a obtenu la main-levée de l'héritage pour son compte, auprès de la Cour des Regaires de Cornouaille.
Il a ensuite pris possession de biens fonciers qu' Ollivier avait à Coray, au fief de l'évêque.
Mais il a contesté la suzeraineté de l'évêque sur son domaine, allant même jusqu'à contraindre les voisins à moudre leurs bleds à un moulin qu'il avait lui-même fait réparer.
Cela au détriment des moulins de l'évêque ! De plus, maintenant l'évêque a de sérieux doutes sur la parenté prétendue entre Quelennec et Ollivier de La Rivière !
Il a donc demandé à la justice du Roy d'enquêter à ce sujet ; ce qui lui a été accordé par le Palais de Rennes.
Ses juristes ont préparé une liste d'une vingtaine d'articles sur lesquels ils souhaitent obtenir des éclaircissements.
Jehan du LEINLOET, lieutenant et juge ordinaire est commis pour interroger les témoins et recorder leurs dépositions.
Dans ce procès, l'évêque de Cornouaille Missire Charles du LISCOET est le demandeur et Maître Jehan de QUELENNEC le défendeur (l'accusé).

Les auditions avaient commencé le 5 septembre 1605 ; semble-t-il au bourg de Coray.
Ce 10 novembre 1605, le juge s'est déplacé à Pontecroix [Pont-Croix], paroisse dont sont originaires les QUELENNEC.
Il va y recueillir les dépositions de huit témoins.


Source : FRAD029 1 G 324 [i]


Orthographe modernisée


XIème 9bre 1609
[date de la confection de la "grosse" ?]


Autres parties de l'enquête faite à la requête de Révérend père en Dieu Missire Charles du LISCOET, évêque de Cornouaille demandeur, contre Me Jean QUELLENNEC, sieur de Stancmarzin, défendeur ; à laquelle a été vaquée par nous Jan du LEINLOUET, sieur de Trévaré, lieutenant ès Cours royales de Châteauneuf, Gourrein, Uhelgoet et Landeleau, en vertu de la commission de Messieurs des Requêtes du Palais à Rennes.
Et parce que notre précédent adjoint se seroit trouver malade, aurions pris pour adjoint Denis LE STANG, notaire royal de la Cour de Quimpercorantin, duquel avons pris le serment en tel cas requis et accoutumé.
Fait en la ville de Pontecroix [ Pont-Croix ] le dixième jour de novembre l'an mil six cent et cinq. Interligne prins.


Guillaume de VANNES, tondeur en laine, demeurant en cette ville de Pontecroix, âgé de soixante-dix ans ou environ, témoin juré par son / serment dire vérité, purgé de conseil, parentèle et sollicitation, dépose sur le douzième article des articles dudit sieur évêque demandeur, avoir bonne mémoire d'avoir en son jeune âge connu feu Maître Alain QUELLENNEC, chirurgien, résidant en cette ville de Pontecroix, auquel étaient frères et sœurs Maître Yves QUELLENNEC aussi barbier qui se maria à Coray et Clémence QUELLENNEC ( qui se maria à Yvon ANDRÉAU, serrurier et maréchal, qui ont des enfants encore en vie demeurant en cette ville à Douarnenez ) ; et Marguerite QUELLENNEC qu'il vit prisonnière en cette ville ; dont étant délivrée, elle alla trouver ledit Me Yves QUELLENNEC son frère à Coray où elle se maria. Et étaient lesdits Me Allain, Yves, Clémence et Marguerite QUELLENNEC frères et sœurs et comme tels s'entre reconnaissant. Et a, ledit déposant connu leur mère qui portait état de paysanne et condition roturière, comme aussi faisaient / tous sesdits enfants et même aurait vu ledit Me Alain QUELLENNEC et ladite Clémence sa sœur payer les taillées et contributions roturières en cette dite ville en leurs temps. Et vu lesdits Me Yves, Clémence et Marguerite QUELLENNEC en cette ville après le décès dudit Me Alain QUELLENNEC qui ne laissa enfant de sa chair et partagèrent son bien comme [étant] ses frères et sœurs et plus prochains ses héritiers. Et avoir vu ledit Me Jean QUELLENNEC, défendeur et un sien frère, en cette dite ville, il y a environ quinze ans, qui étaient venus vendre la maison qui leur appartenait comme héritiers dudit Me Alain QUELLENNEC ; en laquelle maison ledit Me Alain leur oncle demeurait. Et tel est son record. Lui lu et donné à entendre, il l'affirme véritable. Et dit être venu porter sa dite déposition pour éviter aux censures ecclésiastiques qu'il a ouï fulminer en l'église de cette ville. Disant ne savoir signer.


Jeanne QUÉRÉ, veuve de Yvon LE GOARAGUER, résidante en cette ville de Pontecroix, âgée de quatre-vingt ans ou environ, témoin jurée par son serment dire vérité, purgée de conseil, d'affection et de parentèle, dépose sur ledit douzième article avoir connu feu François QUELLENNEC et sa femme qui avait nom Marie ; ne lui souvient de son vrai surnom parce que on l'appelait le plus souvent Marie Barbier à cause que sondit mari était barbier.
Auxquels furent enfants Mes Alain, Yves, Guénolé, Clémence et Marguerite QUELLENNEC et étaient tous de qualité roturière ; sans qu'ils eussent eu autre qualité que (lesdits François, Alain et Yves de barbiers ) et n'aurait ladite déposante ouï de ses prédécesseus ni d'autres de quelle famille était ledit François ni d'où il était originaire.
Bien les avoir vus payer taillées et subsides roturiers.
Et que ladite Marguerite QUELLENNEC ayante été prisonnière / en cette ville pour avoir été accusée d'avoir eu des enfants illégitimes elle alla trouver son frère ledit Me Yves QUELLENNEC à Coray où elle fut mariée à un maçon et piqueur de pierres.
Et ladite Clémence se maria à Yvon ANDRÉAU qui a des enfants qui sont serruriers [ce] que aussi était leur père.
Et lesdits Alain et Guénolay QUELLENNEC moururent sans hoirs de leur corps et à eux succédèrent lesdits Me Yves, Clémence et Marguerite QUELLENNEC.
Et avoir bonne souvenance d'avoir vu ledit Me Jean QUELLENNEC défendeur et un sien frère en cette ville, qui étaient tenus et réputés notoirement enfants dudit Me Yves QUELLENNEC et comme tels vendirent la maison ou icelle déposante a vu demeurer lesdits Mes François et Alain QUELLENNEC ; et fut la vente faite à feu Guillaume DOUIRIN. Les enfants duquel jouissent à présent d'icelle maison.
Et est son record. Lui lu, y persévère, disante ne savoir signer.
Et être venue faire cette déposition pour ne demeurer excommuniée disante ne scavoir signer.


Marye BOURCHIS, veufve [de] Primaël BAELLEC, demeurante en cette ville de Pontecroix, âgée de quatre-vingt ans ou environ, témoin jurée par son serment dire vérité, purgée de conseil et de parentèle, dépose sur ledit même douzième article avoir connu feus Mes François QUELLENNEC et Marie sa femme surnommée Barbier pour l'état de son mari. Et que à eux furent enfants Me Alain, Yves et Guénolay QUELLENNEC. Lesquels et leur père étaient barbiers et chirurgiens. Aussi eurent Clémence et Marguerite QUELLENNEC leurs filles. Laquelle Clémence se maria à Yvon ANDRÉAU, serrurier et ne sait la généalogie dudit François QUELLENEC ni d'où il était. Lequel avait un langage tourné qui démontrait qu'il n'était [pas] originaire du pays. Comme aussi ne vit jamais personne s'advouer pour parent et que tant lui que aussi sesdits enfants ne portaient ni n'ont jamais porté autre qualité que de partables, roturiers, payant les susides comme les autres contribuables de cette paroisse.
Et que auxdits Alain et / Guénolay QUELLENNEC succédèrent Lesdits Me Yves, Clémence et Marguerite QUELLENNEC.
Laquelle Marguerite fut accusée d'avoir eu deux enfants illégitimes et se retira à Coray ou se tenait ledit Yves, son frère ; où elle se maria à un maçon.
Et avoir vu ledit Me Jan QUELLENNEC et un sien frère en cette ville y a environ quinze ou seize ans qui étaient venus vendre la maison ou demeuraient en leur vivant lesdits François et Alain QUELLENNEC. Et étaient tenus et réputés tout notoirement enfants dudit Me Yves QUELLENNEC, barbier, résidant eu bourg de Coray. Et avoir vu tout depuis, les enfants de Guillaume LE DOUIRIN jouir de ladite maison comme l'ayant acquise dudit défendeur et de son frère.
Et est son record. Lui lu et donné à entendre y persévère disante ne scavoir signer.


Marie QUINIOU, veufve de feu Alain SALAUN, résidant en cette ville de Pontecroix, âgée de soixante-dix à soixante-douze ans / témoin jurée par son serment dire vérité purgée de conseil d'affection et sollicitation dépose sur le douzième article des articles dudit défendeur (sic) [demandeur ?] avoir bonne souvenance d'avoir connu feus François QUELLENNEC et Marie Barbier sa femme ; et ne scavoir autre surnom à ladite femme. Et que à eux furent enfants feus Mes Alain, Yves, Guénolay QUELLENNEC qui tous étaient barbiers et chirurgiens. Comme aussi elle a connu feues Clémence et Marguerite QUELLENNEC leurs filles, tous lesquels ne portaient autre état et qualité que de roturiers. Et que lesdit François n'était pas originaire de ce quartier et avait un langage tourné.
Et n'avoir ouï dire d'où il était, ni que personne le fut venu voir et reconnaître comme parent et que ladite Clémance se maria à Yvon ANDRÉAU, serrurier en cette ville et ladite Marguerite ayant eu le bruit de s'être mal comportée alla au bourg de Coray trouver ledit Me Yves QUELLENNEC son frère. Et en ladite paroisse de Coray elle fut mariée à / un maçon. Néanmoins que ladite déposante a vu une fille en cette ville que l'on disait tout notoirement être fille d'icelle Marguerite qu'elle avait eue avant son mariage. Et avoir ouï dire que ledit Me Yves QUELLENNEC qui exerçait l'art de chirurgie à Coray a des enfants en vie qui auraient vendu à Guillaume LE DOUIRIN une maison en cette ville en laquelle elle a vu demeurer lesdits François et Alain QUELLENNEC.
Et est son record. Lui lu et donné à entendre y persévère disante ne scavoir signer.

Marguerite POUPON veuve [de] Henry CALVEZ, résidante en cette ville de Pontecroix, âgée d'environ quatre-vingts ans, témoin jurée par son serment dire vérité, purgée de conseil et d'afection, interrogée sur le douzième article des articles dudit demandeur dépose avoir connu feus Alain et Yves QUELLENNEC, chirurgiens et Marie leur mère ; et Clémence et Marguerite QUELLENNEC sœurs desdits Alain et Yves QUELLENNEC. Et n'avoir vu qu'ils eussent eu qualité que de gens partables et contribuables aux fouages et comme tels ils y étaient cotisés ordinairement comme les autres roturiers de la paroisse.
Et que ledit Me Yves QUELLENNEC se tenait au bourg de Coray et à lui est ledit Me Jean QUELENNEC fils et comme tel il l'a vu et un sien frère en cette ville venir vendre une maison leur advenue de la succession de leurdit père qui avait succédé audit Me Alain son frère qui demeurait en ladite maison de laquelle à présent sont possesseurs et jouissants mes enfants et héritiers de Guillaume LE DOUIRIN. Lequel l'aurait acquise dudit Me Jean QUELLENNEC et de son frère. Et que ladite Marguerite QUELLENNEC ayant eu quelques enfants illégitimes à la vue et connaissance de la déposante alla résider à Coray à cause que l'on avait fait une chanson de son mauvais comportement. Et étant en ladite paroisse de Coray [elle] fut mariée à un maçon. Lequel Me Yves QUELLENNEC / vinrent en notre ville recueillir la succession dudit Me Alain QUELLENNEC décédé sans hoir de son corps.
Et tel est son record. Lui lu et donné à entendre elle y persévère disant ne scavoir signer.


Guillaume ANDRÉAU, serrurier, résidant en cette ville de Pontecroix, âgé d'environ soixante ans, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et d'affection, interrogé sur ledit douzième article dépose avoir connu feus François QUELLENNEC et Marie Barbier sa femme, telle surnommée à cause que son mari était barbier auxquels furent enfants Mes Alain, Yves et Guénolay QUELLENNEC et Clémence et Marguerite QUELLENNEC leurs filles. Et savoir ce que dessus pour être fils de ladite Clémence de son mariage avec feu Yvon ANDRÉAU.
Et que tous iceux QUELLENNEC étaient gens partables et de basse condition et comme tels étaient cotisés et payaient les taillées et subsides.
Et que / audit Alain QUELLENNEC et Guénolay succédèrent lesdits Me Yves, Clémence mère du déposant et Marguerite QUELLENNEC. Et que audit Me Yves QUELLENNEC est fils ledit Me Jan QUELLENNEC défendeur qui a un frère. Lesquels le déposant a vu en cette ville vendre la maison ou demeuraient lesdits Mes François et Alain QUELLENNEC à Guillaume LE DOUIRIN.
Et est son record qu'il dit être véritable
Et après avoir ouï la lecture ajoute que ledit François n'était [pas] originaire de cette ville et avoit le langage tourné ; ne sait ni n'a ouï dire de quelle généalogie il était, et a ouï dire que ladite Marie Barbier sa femme était originaire de la paroisse de Plolan [Poullan ?] paysante, et de basse condition.
Et être venu faire cette déposition ayant ouï la publication d'un monitoire qui a été fulminé en l'église de cette ville à l'instance dudit sieur évêque demandeur ; disant ne scavoir signer.



Guillaume KERLEFRY, marinier, résidant en cette ville de Pontecroix âgé d'environ cinquante-un ans comme il dit, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil, d'affection et sollicitation, interrogé sur ledit douzième article des articles dudit demandeur, dépose avoir connu défunt François QUELLENNEC demeurant en cette dite ville de Pontecroix faisant état de barbier et chirurgie et a icelui furent enfants feus Me Alain, Yves, Génolay, Clémence et Marguerite QUELLENNEC. Tous lesquels étaient gens partables et contribuables aux fouages et sujets roturiers et comme tels ils y étaient cotisés et les payaient. Et étaient de même art et vocation de barbiers. Et aussi dépose connaître ledit Me Jan QUELLENNEC, défendeur qui est fils dudit Me Yves QUELLENNEC et comme héritier de sondit père ledit Me Jan QUELLENNEC a vendu une maison en cette ville a Guillaume DOUYRIN en laquelle maison demeurait lesdits François et Alain QUELLENNEC. / Et savoir ce que dessus pour avoir hanté lesdits QUELLENNEC et iceux vu et ouï, s'entre advouer et reconnaître frères et sœurs; et que un neveu dudit déposant nommé Me Guillaume KERLEFRY, notaire royal, a demeuré avec ledit Me Jan QUELLENNEC défendeur.
Aussi, dit que ladite Marguerite ayant eu un enfant illégitime fut chassée de cette ville par ledit Me Alain QUELLENNEC son frère et se retira au bourg de Coray devers ledit Me Yves QUELLENNEC son autre frère auquel lieu [elle] fut mariée à un maçon et piqueur de pierres.
Et est son record. Lui lu, donné à entendre, il y persévère et le soutient véritable.
Et être venu faire cette déposition pour n'être compris et ne demeurer sous les censures ecclésiastiques qu'il a ouï publier en cette ville à instance dudit demandeur.
Et a ledit déposant signé à la cedde.


Glazran LE ROY, laboureur de terre, demeurant au village de Quererogan [Kerergant ?] paroisse de / Beuzec Capsizun âgé de quatre-vingt-dix ans ou environ, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil, d'affection et sollicitation, interrogé sur ledit douzième article desdits articles dudit demandeur, dépose avoir connu feus Me François QUELLENNEC et Marie Barbier sa femme auxquels furent enfants Alain, Yves Guénolay, Clémence et Marguerite QUELLENNEC, tout notoirement lesquels étaient gens roturiers et partables exerçant l'art de barbier et chirurgie forls ledit Me yves QUELLENNEC qui alla résider et se maria au bourg de Coray ou il exerçait ledit art ; et ladite Clémence se maria à Yvon ANDRÉAU qui a des enfants en vie, l'un desquels se tient en cette ville du métier de serrurier duquel métier était aussi son père ; et ladite Marguerite, après avoir demeuré quelque temps en cette ville se retira à Coray devers son frère à cause qu'elle fut blâmée et accusée d'avoir eu quelques enfants illégitimes, et se maria à un picqueur de pierres dudit / lieu de Coray.
Aussi dit avoir vu ledit Me Jan QUELLENNEC et son sien frère en cette ville qui avait une maison de la succession dudit Me Yves QUELLENNEC leur père qui était la maison ou souloinct se tenir lesdits François et Alain QUELLENNEC. Laquelle maison ils vendirent à feu Guillaume LE DOUIRIN.
Et est son record. Lui lu et donné à entendre, il y persévère, disant ne scavoir signer.


[ signatures de : ]
J. du Leinloet
pour garand des
houict déposants

Collationné par moy
soubsignant adjoinct
qui a escrit ceste grosse
contenant huict rollets
De'Lestang
Notaire roïal