6 septembre 1605, Affaire Quélennec : Auditions de témoins à Coray

De Milamzer
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Almanach
Almanach

Calendrier : Grégorien

1001      1101      1201      1301      1401      1501      1601      1701      1801      1901      2001      2101
-|---------|---------|---------|---------|---------|------------------|---------|---------|---------|---------|


Lors, il faisait bon pêcher en eaux troubles. (Chanoine Moreau)
Contexte :

Au début du mois d'octobre 1598, noble homme Ollivier de la Rivière est décédé à Tourc'h
Personne ne lui connaissait d'héritier proche.
Le 17 octobre suivant, Maître Jehan de Quelennec, sieur de Stangmarzin, en se prétendant parent en l'estoc maternel a obtenu la main-levée de l'héritage pour son compte, auprès de la Cour des Regaires de Cornouaille.
Il a ensuite pris possession de biens fonciers qu' Ollivier avait à Coray, au fief de l'évêque.
Mais il a contesté la suzeraineté de l'évêque sur son domaine, allant même jusqu'à contraindre les voisins à moudre leurs bleds à un moulin qu'il avait lui-même fait réparer.
Cela au détriment des moulins de l'évêque ! De plus, maintenant l'évêque a de sérieux doutes sur la parenté prétendue entre Quelennec et Ollivier de La Rivière !
Il a donc demandé à la justice du Roy d'enquêter à ce sujet ; ce qui lui a été accordé par le Palais de Rennes.
Ses juristes ont préparé une liste d'une vingtaine d'articles sur lesquels ils souhaitent obtenir des éclaircissements.
Jehan du LEINLOET, lieutenant et juge ordinaire est commis pour interroger les témoins et recorder leurs dépositions.
Dans ce procès, l'évêque de Cornouaille Missire Charles du LISCOET est le demandeur et Maître Jehan de QUELENNEC le défendeur (l'accusé).

Les auditions ont commencé le 5 septembre 1605.
Le lieu n'est pas précisé. Mais sans doute existe-t-il un auditoire au bourg de Coray ?


Source : FRAD029 1 G 324 [i]


Orthographe modernisée


Autre partie de ladite enquête du sixième jour de septembre l'an mil six cent et cinq, à laquelle a été vaquée par nous susdit commissaire, assisté de notre dit adjoint.


Hervé LANDANET, mesnagier et laboureur de terre, âgé d'environ quarante-deux ans, demeurant au village du Calvezic en la paroisse de Leuhan Coray, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et enquis séparément sur les articles dudit / demandeur, dépose que tous les habitants du bourg de Coray sont sujets de suivre le destroit des moulins dudit seigneur évêque de Cornouaille sis en ladite paroisse de Coray et même au four à ban. Et les détenteurs des lieux de Treffuel sont pareillement sujets auxdits moulins nonobstant qu'il y a un moulin audit Treffuel nommé Moulin de Kerlaouénan. Auquel lieu, dit qu'il y a trois convenants cotisables au fouages desquels il a vu payer taillées. Et dit aussi avoir vu les détenteurs du village de Keréoret, Rosmeur, Pratlazre, Kerféault, Lanragen / Kerdanet et Kerherno faire moudre leurs bleds aux ? moulins dudit seigneur évêque. Et y sont sujets et payent dîmes audit seigneur évêque. Lesquels villages sont sous un quart de lieue fors ledit Pratlazre ; en proximité desdits moulins. Et a vu les prédécesseurs du défendeur, savoir Me Yves QUELENNEC et Françoise TORREC sa mère demeurants au bourg de Coray faire moudre leurs bleds au moulin du fief des Regaires et a vu lesdits QUELENNEC et femme tenir taverne audit bourg de Coray et faire exercice de barbier. Et ne sait / dire ni réputer lesdits mariés être nobles. Auxquels est fils ledit défendeur.
Aussi, dit avoir connu en ladite paroisse plusieurs autres TORREC. Savoir au village de Penaven, Marie et Françoise TORREC ; laquelle Françoise se maria au village de Lanragen. Et ne s'entre advouaient parents à la mère du défendeur. Et n'a jamais ouï ni entendu ladite Françoise TORREC mère dudit défendeur avouer les détenteurs de Treffuel ses parents.
Et si peu lesdits TORREC et détenteurs dudit lieu de Treffuel prétendre aucun droit de tombe, prééminences / ni armoiries en l'église paroissiale de Coray.
Et est tout ce qu'il dit et affirme pouvoir dire sur tout le contenu desdits articles ; affirmant son record contenir vérité.
Et l'a signé. Ainsi signé en la code : H. Landanet.


Missire Bertram SCOUL, prêtre âgé d'environ soixante-cinq ans demeurant au village de Huelgars en la paroisse de Coray, témoin juré par ses saintes ordres dire vérité, purgé de conseil et sollicitation et interrogé séparément sur les articles dudit demandeur, dépose que tous les habitants du bourg de Coray sont en / possession de suivre le destroit des moulins de Messeigneurs les évêques de Cornouaille et au four à ban du bourg de Coray. Lesquels il a vu continuer auxdits devoirs jusques à présent.
Dit que au village de Treffuel il y a trois convenants : Savoir Pezron LE GALL et un nommé NICOT, Yvon DRONYOU, Charles et Allain HELIOU et leurs consorts héritiers. Lesquels étaient contribuables ès fouages et taillées ordinaires et néanmoins il y a une maison que l'on suppose manoir en laquelle il y a eu demeure des gentilshommes, lesquels n'étaient cotisables. Jouxte / lequel manoir il y a un moulin nommé le Moulin de Kerlaouénan et ne peut savoir si les détenteurs desdits lieux de Treffuel sont tenus moudre leurs bleds audit moulin ou aux moulins dudit seigneur évêque.
Et outre, dit être certain que les détenteurs de Rosmeur et Lanragen sont sujets moudre leurs bleds aux moulins dudit seigneur évêque, auquel et à ses fermiers les détenteurs de Keréoret, Pratlazre, Kerféot, Kerdanet, et Kerherneau payent dîmes et chefrentes et ne sait s'ils sont sujets de suivre le destroit des ses moulins.
Aussi / dit que lesdits villages de Kerféot, Keréoret et autres cy-devant nommés sont en proximité d'un quart de lieue ou plus [au plus ?] aux moulins dudit demandeur.
Davantage, dit avoir connu Me Yves QUELENNEC et Françoise TORREC sa femme tenant taverne au bourg de Coray et ledit QUELENNEC exerçant l'état de barbier. Lesquels en ce temps faisaient moudre leurs bleds aux moulins dudit seigneur évêque. Et auparavant eux, a connu feu Jan TORREC et sa femme aïeul et aïeule du défendeur et ledit défendeur être fils desdits Yves QUELENNEC et Françoise TORREC.
Et avoir été cy-devant / prié par ledit défendeur porter témoignage afin d'obtenir mainlevée de la succession de feu noble homme Ollivier de La RIPVIERE. Ce qu'il aurait fait pour lors.
Plus dit avoir connu feu Jan TORREC, père de ladite Françoise, hantant ledit bourg de Coray comme ce parlant était aux écoles audit bourg de Coray. Lequel il voyait porter un greslier et mener nombre de chiens à sa suite et n'a jamais ouï dire qu'il fût noble et était carant [ de karantez = charité ? ], dénué de moyens pour lors.
Aussi, n'a ouï dire que ledit Me Yves QUELLENNEC était d'extraction noble.
Aussi, / dit avoir connu Hervé TORREC, Marie et Françoise TORREC ses filles au village de Penaven en ladite paroisse de Coray et n'avoir ouï aucunement iceux et la mère dudit défendeur s'entre advouer parents.
Aussi, dit n'avoir connu aucun TORREC demeurant audit lieu de Treffuel, combien qu'il a ouï dire qu'il y a eu des TORREC y demeurant et n'a vu aucun détenteur dudit lieu de Treffuel cy-devant prétendre aucune prééminence, ni tombe en l'église paroissiale de Coray.
Et interrogé au long sur tout le contenu esdits / articles dit ne savoir autrement déposer, affirmant son record contenir vérité et l'a signé.
Ainsi signé : B. Scoul


Hervé KERHERVE, maçon, âgé d'environ soixante quatre ou cinq ans, demeurant au village de Ty-an-Courtoys autrement Trefqueleec en la paroisse de Coray, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et sollicitation et enquis séparément sur le contenu auxdits articles dudit demandeur, dépose connaître les parties pledoyantes et être / certain que les habitants du bourg de Coray, sujets et vassaux de Messieurs les évêques de Cornouaille successivement sont sujets à suivre les destroits des moulins desdits seigneurs, entre autres en ladite paroisse de Coray et que au village de Treffuel situé en ladite paroisse y a trois convenants qui paient taillées ordinaires. Lesquels il a vu profités par Pezron LE GALL et à présent par Yvon LE GALL, son fils, Jean NICOT et consorts et Yvon DRONIOU. Et lesdits convenants et logis sont près les uns des autres en l'emplacement d'un même village.
Joignant lequel lieu y a un moulin / qui s'appelle Moulin de Kerlaouénan autrement le Moulin du Treffuel et ne sait si les détenteurs dudit lieu sont tenus moudre leurs bleds audit moulin ou bien aux moulins dudit seigneur évêque.
Bien, dit que les détenteurs des villages de Rosmeur, Pratlazre, Kerféot et Laragen sont sujets aussi aux moulins dudit seigneur évêque. Mais ne sait si les détenteurs des villages de Keréoret, Kerdanet et Kerherneau sont à pareil tenus, attendu qu'ils sont en proximité dudit moulin de Kerlaouénan. Néanmoins, il paient dîmes et chefrentes audit seigneur évêque et sont / lesdits villages environ un quart de lieue le plus loin des moulins dudit demandeur.
Aussi, dit avoir connu défunt Me Yves QUELENNEC et Françoise TORREC sa femme demeurant au bourg de Coray lesquels faisaient lors moudre leurs bleds aux moulins dudit demandeur et exerçant son état de barbier, tenant taverne audit bourg de Coray.
Et en outre dit avoir connu autres TORREC en la paroisse de Coray au village de Penaven : Savoir Hervé TORREC et Jean TORREC, Françoise et Marie TORREC, filles dudit Hervé. Lesquels n'étaient nullement parents à la mère dudit défendeur, laquelle il a ouï dire s'advouer parente à autres TORREC issus dudit lieu de Treffuel et / n'avoir onques entendu que aucun de ceux qui demeuraient audit Treffuel, ni TORREC, eussent prétendu aucune tombe ni prééminence en l'église paroissiale de Coray.
Et est tout ce qu'il dit pouvoir attester sur lesdits articles, disant son record contenir vérité, et ne savoir signer.