13 septembre 1605, Affaire Quélennec : Auditions de témoins à Locmaria

De Milamzer
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Lors, il faisait bon pêcher en eaux troubles. (Chanoine Moreau)
Contexte :

Au début du mois d'octobre 1598, noble homme Ollivier de la Rivière est décédé à Tourc'h
Personne ne lui connaissait d'héritier proche.
Le 17 octobre suivant, Maître Jehan de Quelennec, sieur de Stangmarzin, en se prétendant parent en l'estoc maternel a obtenu la main-levée de l'héritage pour son compte, auprès de la Cour des Regaires de Cornouaille.
Il a ensuite pris possession de biens fonciers qu' Ollivier avait à Coray, au fief de l'évêque.
Mais il a contesté la suzeraineté de l'évêque sur son domaine, allant même jusqu'à contraindre les voisins à moudre leurs bleds à un moulin qu'il avait lui-même fait réparer.
Cela au détriment des moulins de l'évêque ! De plus, maintenant l'évêque a de sérieux doutes sur la parenté prétendue entre Quelennec et Ollivier de La Rivière !
Il a donc demandé à la justice du Roy d'enquêter à ce sujet ; ce qui lui a été accordé par le Palais de Rennes.
Ses juristes ont préparé une liste d'une vingtaine d'articles sur lesquels ils souhaitent obtenir des éclaircissements.
Jehan du LEINLOET, lieutenant et juge ordinaire est commis pour interroger les témoins et recorder leurs dépositions.
Dans ce procès, l'évêque de Cornouaille Missire Charles du LISCOET est le demandeur et Maître Jehan de QUELENNEC le défendeur (l'accusé).

Les auditions avaient commencé le 5 septembre 1605 ; semble-t-il au bourg de Coray.
Ce 13 septembre, le juge s'est déplacé à Locmaria, près de Quimper.
On notera qu'à cette époque l'évêque devait résider à Lanniron près de Locmaria à cause de l'indisponibilité des locaux de l'évêché en ville : Ils avaient été détruit par un incendie vers 1595.


Source : FRAD029 1 G 324 [i]


Orthographe modernisée


Autre partie de ladite enquête et information à laquelle a été vaquée par nous susdit commissaire ayant avec nous pour notre adjoint ledit de La Villeneuffve, greffier susdit, le treizième jour de septembre l'an mil six cent et cinq au bourg de Locmaria.

Damme Marie du BOURGNEUFF dame prieure de Logmaria âgée de trente un an, demeurante en sa prieure maison de Logmaria lès la Ville de Quimpercorantin, jurée dire vérité par son affirmation et interrogée sur les articles de Révérend père en Dieu / Messire Charles du LISCOET evesque de Cornouaille demandeur, contre Me Jan QUELENNEC défendeur, sur le vingt unième article dépose que depuis l'an mil cinq cent quatre-vingt dix-neuff elle a été payée des lods et ventes et devoirs de rachat à elle due à raison de son fief et juridiction de Logmaria ; savoir par écuyer Michel SALUDEN, sieur de Kerazan, par un autre nommé JOURDRAIN de la trêve de Tremaria et de Paol HERNICHON marchand demeurant en Audierne et de plusieurs autres en grand nombre / desquels ne peut à présent se souvenir de leurs noms et surnoms.
Aussi, dit qu'elle reçoit ordinairement de tous ceux qui acquièrent des héritaiges en sadite juridiction de Logmaria lods et ventes et est ordinairement payée du devoir de rachat quand le cas advient sans aucune difficulté de nully.
Et est tout ce qu'elle peut attester sur le contenu desdits articles.
Affirmant sondit record contenir vérité et a signé en la code.
Ainsi signé : M du Bourgneuff


Jeanne LE FEREC, veuve de feu Pierre LE LOUARN âgée d'environ soixante-cinq ans demeurant en la Ville close de Quimpercorantin, témoin jurée par son serment dire vérité, purgée de conseil et sollicitation et interrogée sur lesdits articles, dépose avoir la connaissance desdites parties.
Et sur tous lesdits articles dit ne pouvoir autrement déposer sinon que sur le vingt et unième article elle dit avoir acheté certains héritaiges au village de Guengadegou paroisse de Landrévarzec au fief et juridiction de l'Abbaye de Landévennec / pour lequel acquêt elle a été contrainte par rigueur de justice de payer au sieur propriétaire desdits héritaiges pour devoir de lods et ventes la somme de dix-huit livres tournois et a fourni aveu et minu desdits héritaiges audit sieur comme acquéreur dudit devoir de fief.
Et est tout ce qu'elle affirme contenir vérité disante ne scavoir signer.


Jehan THOMAS, charpentier, âgé d'environ soixante-dix ans, demeurant au bourg paroissial de Tourch, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et sollicitation, dépose connaître les parties au présent procès.
Et dit que les habitants du bourg de Coray et les paroissiens fors ceux du fief de Laz, sont sujets et sont tenus de suivre les destroits des moulins de la Juridiction des Regaires de Cornouaille situés en ladite paroisse de Coray ; et le sait pour les avoir vu souvent porter leurs bleds / auxdits moulins.
Outre, dit avoir connu feu Jan TORREC père de Françoise TORREC et feu Me Yves QUELENNEC mari de ladite Françoise, père et mère du défendeur. Lesquels n'étaient nullement pour lors en réputation de nobles, mais roturiers cotisables aux fouages ordinaires en la dite paroisse de Coray. Et les avoir vus tenir taverne audit bourg et ledit QUELENNEC exerçant son état de barbier.
Davantage, dit qu'allant un certain jour à la Chapelle de Monsieur saint Thugen près la Ville de Pontecroix, il y a environ vingt ans, lui fut dit par / ceux qui allaient ensemble avec lui [que] ledit Yves QUELENNEC, barbier, était natif dudit Quartier de Pontecroix.
Aussi, dit avoir connu plusieurs TORREC en la paroisse de Coray, au village de Penaven. Lesquels n'étaient nullement parents auxdits TORREC du bourg de Coray.
Et dit que, en plusieurs endroits et village de la paroisse de Coray l'on payait ? devoirs de lods et ventes. Et pareillement voyait aussi les sujets et vassaux de la terre et Commanderie de Saint-Jehan en la paroisse de Tourch payer ordinairement lods et ventes avec le rachat quand le cas advient / Et, interrogé s'il a été cy-devant ouï par devant Monsieur le Sénéchal de Concq sur la prétendue main-levée dudit défendeur de la succession des détenteurs dudit lieu de Treffuel, affirme que non ; et qu'il n'a comparu devant autre juge cy-devant pour le sujet.
Et est son record qu'il dit contenir vérité et ne scavoir signer.


Jehan LE MEUR, mesnagier, âgé d'environ soixante ans demeurant au village de Keremegan en la paroisse de Coray, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et sollicitation, interrogé sur lesdits articles, dépose connaître les parties pledoyantes et est certain que les habitants du bourg de Coray et les détenteurs du village de la demeure de ce parlant sont sujets de faire moudre leurs bleds aux moulins de Messieurs les évêques de Cornouaille.
Aussi, dit avoir vu partie des détenteurs du village de Treffuel aller moudre leur bleds / aux moulins. Ne peut savoir s'ils sont sujets à ce faire. Comme à pareil il a vu les détenteurs des villages dénommés par le huitième article.
Aussi, dit avoir connu Jan LE TORREC père de Françoise TORREC, mère du défendeur, lequel il voyait hanter la Maison de Tréanna, pauvre et indigent de moyens. Comme pareillement il a connu feu Maistre Yves QUELENNEC, père dudit défendeur, lequel tenait taverne au bourg de Coray et exerçait état de barbier.
Et avoir connu [en] outre ladite Françoise TORREC .?. des autres TORREC au village de Penaven et de Larragen. / Lesquels n'étaient nullement parents auxdits feus Jan et Françoise TORREC.
Et est tout ce qu'il dit et affirme pouvoir attester sur le contenu desdits articles, affirmant son record contenir vérité et ne scavoir signer.


Guillaume BERNARD, texier, âgé d'environ quarante-six ans, demeurant au village de Rosmeur en la paroisse de Coray, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et sollicitation, dépose connaître les parties / pledoyantes au présent procès.
Et avoir vu de tout temps les habitants et manants du bourg de Coray faire moudre leurs bleds aux moulins de Messires les évêques de Cornouaille.
Comme à pareil sont les détenteurs des villages dénommés par le huitième article et a vu ordinairement de tout son temps cotiser les détenteurs du village de Treffuel aux fouages ordinaires, fors ceux qui demeurèrent en la maison couverte d'ardoise supposée être noble.
Aussi, dit avoir connu feus Me Yves QUELENNEC et Françoise TORREC sa femme, père et mère dudit défendeur, lequels / tenaient taverne en leur temps audit bourg de Coray et étaient ordinairement lors cotisés auxdits fouages ordinaires. Toutefois ne sait, s'ils étaient d'extraction noble ou non.
Et a connu des TORREC au village de Penaven et à Laragen. Lesquels n'étaient nullement parents à ladite défunte Françoise TORREC mère dudit défendeur.
Et est son record qu'il affirme contenir vérité ; disant ne savoir signer.


Alain LE MEUR, mesnagier et laboureur de terre, âgé d'environ / quarante-deux ans, demeurant au village de Goualiou, paroisse de Coray, témoin juré par son serment dire vérité purgé de conseil et sollicitation et interrrogé sur lesdits articles dépose connaître les parties litigentes au présent procès et est certain que les habitants du bourg de Coray sont sujets de moudre leurs bleds aux moulins de Messieurs les évêques de Cornouaille et être certain et assuré que tous les habitants du village de Treffuel fors ceux qui qui demeuraient à la maison couverte d'ardoise que l'on suppose être le manoir étaient ordinairement cotisables aux taillées ordinaires.
Et avoir connu feus Me Yves QUELENNEC barbier à Coray / et Françoise TORREC sa femme mère dudit défendeur? Lesquels demeuraient en leur vivant au bourg de Coray. Lesquels étaient pour lors taillables et sujets aux fouages de la paroisse. Ne sait de leur qualité ni de leur extraction autrement.
Et après lui avoir fait lecture de tout le contenu desdits articles dit et affirme ne pouvoir autrement déposer sur le contenu d'iceux ; disant ce record contenir vérité et ne scavoir signer.


Jehan GUILLOU, laboureur de terre, âgé d'environ quarante-deux ans / demeurant au village de Rosmeur, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et séparément enquis sur lesdits articles, dépose connaître les parties et avoir vu souvent les habitants de Coray faire moudre leurs bleds aux moulins de Messieurs les évêques de Cornouaille comme à pareil il voyait la plupart de ladite paroisse suivre ledit destroit ; entre autre les détenteurs des villages mentionnés par le huitième article qui sont les villages de Treffuel, Kerdanet, Keréoret, Pratlazre, Kerherneau, Kerféault, Larragen et Rosmeur.
Aussi, dit que les tenanciers / du village de Treffuel sont sujets aux taillées et fouages ordinaires en ladite paroisse fors les gentilshommes qui ont demeuré en une maison couverte d'ardoise qui est audit village que l'on suppose être noble manoir.
Davantage, dit que lesdits villages mentionnés par ledit huitième article sont en proximité des moulins dudit seigneur demandeur de moins que de demi-lieue ne peut savoir si au vrai s'ils sont sujets au destroit ou non et si peu ledit village de Treffuel par ce qu'il est plus près au moulin de Kerlaouénan ne sait autrement déposer sur lesdits points.
Et avoir connu feus Me / Yves QUELLENNEC et Françoise TORREC sa femme demeurants au bourg paroissial de Coray, tenant taverne audit lieu et ledit QUELENNEC exerçant son état de barbier. Auxquels est ledit défendeur fils. Ne peut autrement déposer de leurs qualités.
Aussi, a connu un nommé Jan TORREC de Penafven et Marie TORREC et autre Françoise TORREC. Lesquels étaient gens de basse condition et roturiers. Et n'a onques ouï dire qu'ils fussent parents à ladite Françoise TORREC mère dudit défendeur ; ni ladite Françoise TORREC parente aux détenteurs de Treffuel.
Et est son record qu'il affirme contenir vérité disant ne scavoir signer.


Jacques LE LOUARN, cordonnier, âgé d'environ trente-deux ans demeurant en la Ville Close de Quimpercorantin, témoin juré par son serment dire vérité, purgé de conseil et sollicitation et interrogé sur le contenu aux articles du demandeur seigneur évêque de Cornouaille.
Sur le premier article dit que de son temps il a vu les habitants du bourg paroissial de Coray sujets à suivre les detroits des moulins dudit demandeur en ladite paroisse et avoir connu défunts Me Yves QUELENNEC et Françoise TORREC sa femme tenant taverne au bourg de Coray ; icelui exerçant son état de barbier. Ne peut autrement savoir leur extraction ni / qualité parce qu'il était en bas âge pour lors. Aussi dit avoir connu des TORREC au village de Penaven en ladite paroisse, tous roturiers et de simple état. Toutefois n'a onques ouï ni entendu parler qu'ils eussent été parents à ladite Françoise TORREC, mère du défendeur. Et dit avoir été demeurant environ deux ans au village de Treffuel en ladite paroisse étant serviteur avec le défunt sieur de Kerigou où il voyait que ceux des deux ménages qui y sont, étaient cotisés aux fouages ordinaires et non ceux qui profitaient lors de la maison couverte d'ardoise dudit lieu réputé être manoir. Et voyait pour lors faire moudre le moulin de Treffuel. Ne peut savoir autrement à quel titre. Et est tout ce que / dit savoir sur tout le contenu desdits articles ; affirmant son record contenir vérité et ne savoir signer.